Les portraits de William James Topley : un des bijoux de la collection de Bibliothèque et Archives Canada

À la suite de la création de la Confédération canadienne, le 1er juillet 1867, Ottawa est devenue la capitale du Canada. En pleine croissance, la ville a rapidement attiré les hommes d’affaires, les jeunes entrepreneurs, les politiciens, les ouvriers et… les photographes.

 

 

par Lisandra Cortina de la Noval
Archiviste en photographie
Bibliothèque et Archives Canada

 

Né à Montréal le 13 février de 1845, William James Topley a été introduit à la photographie par sa mère à l’âge de treize ans et ce fut un véritable coup de cœur. En 1863, il a commencé sa carrière à titre de photographe itinérant avec la prise des ferrotypes, des épreuves positives réalisées à bon marché sur de minces feuilles d’acier.

Peu après, il a été engagé comme apprenti au studio de William Notman, grand photographe canadien du XIXe siècle. En 1968, Topley a assumé l’administration du nouveau studio de Notman à Ottawa et quelques années plus tard il a décidé d’ouvrir son propre studio.

Homme d’affaires, il sut tirer profit d’un contexte favorable. À l’époque, la photographie était un phénomène relativement nouveau et coûteux ; seules la classe moyenne et la haute société avaient les moyens de se faire tirer le portrait, ce qui était perçu comme un signe de richesse et de prestige. La principale activité du studio, surtout durant les premières années, fut la portraiture. L’objectif de Topley était d’attirer « la crème de la crème » de la société d’Ottawa et il a très bien réussi. Il a été nommé photographe de cour du marquis de Lorne et a accompagné le duc de Cornwall et York (futur roi George V) lors de sa tournée du Canada en 1901.

Plus de 2 300 personnes par année venaient poser au studio de Topley : célébrités locales et de passage dans la jeune capitale canadienne, premiers ministres, gouverneurs généraux, députés, sénateurs, ainsi que leur famille.

Ce portrait de Wilfrid Laurier a été pris par Topley en avril 1874, alors qu’il était député de Drummond-Arthabaska, ancienne circonscription électorale fédérale de la région du Centre-du-Québec. Laurier a été le septième Premier ministre du Canada (1896-1911) et le premier francophone à accéder à ce poste. Véritable légende de son vivant, il a gagné quatre élections fédérales consécutives et ses quelque 45 années de service à la Chambre des communes constituent un record de longévité.

 

Wilfrid Laurier, Député de Drummond-Arthabaska, en avril 1874 : [photographie]/William James Topley
Wilfrid Laurier, Député de Drummond-Arthabaska, en avril 1874 : [photographie]/William James Topley.

Sa femme, Zoé Laurier, a été l’une des vice-présidentes du Conseil national des femmes du Canada et vice-présidente honoraire des Infirmières de l’Ordre de Victoria du Canada.

 

Madame Zoé Laurier, 1878 : [photographie]/William James Topley
Madame Zoé Laurier, 1878 : [photographie]/William James Topley.

Ces portraits font partie de la collection photographique de William James Topley, acquise par Bibliothèque et Archives Canada (BAC) en 1936, un peu plus de dix ans après la fermeture du studio, qui est resté ouvert durant plus d’un demi-siècle.

La collection comprend plus de 150 000 négatifs sur plaque de verre et en nitrate de cellulose, des journaux des affectations quotidiennes et 68 albums de comptoir, des albums qui contiennent en ordre chronologique une épreuve de chaque négatif avec le nom du modèle et le numéro du négatif.

Au-delà de leur valeur esthétique, les portraits de Topley constituent un miroir de la société canadienne de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Cette collection possède une extraordinaire valeur documentaire, car elle témoigne des changements culturels, politiques, sociaux, économiques, technologiques et architecturaux survenus au cours des 50 premières années de la Confédération du Canada.